VISIONS GOLDBERG - VARIATION 28


"Fantomatique du désir propre aux forêts, aux prédateurs solitaires, à leur rage, à leur fierté et à leur veille. Tension de leurs rencontres inattendues, inavouables, improbables, en devenir, pourtant. Puisque seuls ils se perdent, puisque seuls ils s’enferment, puisque seuls ils oublient. Le croisement de leurs regards les sauve d’eux-mêmes en les projetant dans l’altérité de celui qui fait face. Le croisement de leurs regards les maintient en vie."

Croire aux fauvesNastassja Martin


" La Variation 28 multiplie les difficultés, entre les trilles et la complexité des croisements de mains, et se joue comme une improvisation très libre."
Irina Lankova

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Accueillir notre sauvageté sans chercher à l’apprivoiser, juste dans l’éclat de cette rencontre palpitante sous le vernis social : est-ce un des possibles de la Variation 28 ?
Le cycle des Variations Goldberg est si riche et résiste si librement à toute aliénation dans l’interprétation que des centaines de clavecinistes, pianistes (et autres instrumentistes transcripteurs amoureux) s’en sont emparé avec une audace réconfortante, régénérante même ! À l’image, en contrepoint, on a tout loisir de suivre nos intuitions et nos sensations. De s’ouvrir aux rêves qui passent et d’en saisir des bribes abstraites
parfois, mais toujours remuantes. On se sent travaillé par les variations de Bach. La liberté que mentionne Irina Lankova dans la 28, je la ressens personnellement comme la rencontre avec notre langue première, sans doute la plus animale, celle d’avant les mots. Plus proche du geste, du cri ou du murmure. Une langue farouche et sensuelle. En autorisant l’altérité, elle nous ramène à l’intimité.

> Variation 29