VISIONS GOLDBERG - VARIATION 15


« Au centre du poème il y a un autre poème, au centre du centre il y a une absence, au centre de l’absence il y a mon ombre. »
Alejandra Pizarnik
 



« C’est la première des trois variations en sol mineur. Un canon à la quarte, comme la Variation 12, en mouvement contraire. Les secondes descendantes expriment une profonde souffrance. L’intervalle de la quinte évoque le vide : un vide très audible lorsqu’à la toute fin, les mains s’éloignant l’une de l’autre laissent cette quinte en apesanteur. À la moitié des Variations Goldberg, Bach nous met littéralement en suspension. »
Irina Lankova


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Au cœur des Variations Goldberg, est-ce à sa propre mort que songeait Jean-Sébastien Bach ? La quinzième variation ouvre dans le cycle des Goldberg un espace au fond de nous-mêmes d’une étrange temporalité, vivante et grave. Quelque chose s’y joue de notre vie, peut-être élargie par la conscience de sa précarité… Comme en miroir, la vie et la mort en balance s’observent, l’une et l’autre indissociables.
Pour accompagner une œuvre musicale en images, il me faut oser écouter les visions qu’elle m'inspire et en accepter les sensations. Sans jamais les emprisonner, autrement dit les définir. J’entends la mélodie de la Variation 15 chanter sur un fil dont chacun de nos pas dessinerait les méandres.

Une vision éclairante de la poétesse argentine, Alejandra Pizarnik, ouvre à mon sens, dans Arbre de Diane, le même champ des possibles.

maintenant
en cette heure innocente
moi et celle que je fus nous nous asseyons
au seuil de mon regard


Bach nous inviterait-il dans la Variation 15 à être qui nous sommes ?


> Variation 16