VISIONS GOLDBERG - VARIATION 11
 

« Que tu tressailles —
Et tombent des montagnes,
Et monte — l’âme !
Laisse mon chant monter :
Chant de l’entaille,
De ma montagne.

Je ne pourrai
Ni là, ni désormais
Combler l’entaille.
Laisse mon chant monter
Tout au sommet
De la montagne.
»

Extrait du Poème de la montagne
Marina Tsvetaeva

 




« Arpèges, trilles, gammes et croisement de mains, cette variation est une conversation constante entre deux mains, deux voix. »
Irina Lankova

*

Source des souffles, la montagne selon les Chinois relie les profondeurs de la terre aux cimes vers le ciel. L’idéogramme shan, qui symbolise le trigramme Gen (la montagne), dessine trois pics indissociables comme le lien unissant le passé à l’avenir, lisible aussi comme le signe d’une porte ouverte sur de grands horizons.

       

La montagne et l’entaille se retrouvent l’une en l’autre, indissociables, et le poème naît d’un séïsme, comme la musique : soudaines vibrations de cette intensité profonde qui nous consume. « Conversation constante entre deux mains », commente Irina Lankova à propos de la Variation 11… Je l’entends aussi comme un dialogue audacieux et vif entre soi et l’absent, le désiré, le silencieux… Force et fragilté se répondent avec une vitalité qui fouette les sangs !

> Variation 12