VISIONS GOLDBERG – VARIATION 21


« Il nous est ordonné de vaquer jour et nuit à l’Amour, lui vouant sans réserve notre cœur et notre âme, nos facultés, nos pensées. […] L’incendie éclatera chez les autres dès que vous-même serez de flamme. C’est ce qui convient à votre charge : incendiez les éteules arides par votre exemple, votre façon d’être. […]
Hâtez-vous d’aimer.
»

Lettres spirituelles Hadewijch d’Anvers
in Hadewijch d’Anvers, une femme ardente, textes choisis et présentés par Charles Juliet

 

«Cette deuxième variation en sol mineur (après la 15) est très humaine. Le canon est à la septième ; il s’agit d’un intervalle très intense. Les deux voix sont très éloquentes. La basse contient de nombreux intervalles chromatiques qui la rendent plus intense encore.»
Irina Lankova

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En cette première moitié du XIIIe siècle, Hadewijch d’Anvers, comme toutes les béguines, n’a pas prononcé de vœux et se refuse à obéir aux autorités ecclésiastiques. Nombreuses d’ailleurs sont celles qui ont été persécutées pour hérésie et ont péri sur le bûcher jusqu’au XIVe siècle. Le poète Charles Juliet nous la présente comme « un être de feu », « un être dévoré par un désir taraudant, d’une inimaginable intensité : le désir d’atteindre ce qu’elle appelait ‘la fruition’, cette jouissance où l’être échappe à ses limites, est porté au plus haut de lui-même par une exultation, une félicité, un amour extrêmes, proprement indicibles. » Cette même idée de feu qui éclaire de l’intérieur se retrouve dans le quatrième trigramme du Yi Jing, Li.

Li est feu, huo, et lumière, ming ; celle-ci représentée par la lune éclairant l’intérieur d’une pièce, évoque plus largement la lucidité.



C’est son souffle brûlant dans nos veines que j’entends dans la Variation 21, et sa lumière ardente que j’y devine sous la peau. Vive, chaleureuse et féconde.

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