VISIONS GOLDBERG – VARIATION 17


« Au nom de l’Abeille –
Et du Papillon –
Et de la Brise – Amen ! »


Poésies complètes, 23 Emily Dickinson


« Nous voici de nouveau dans le perpetuum mobile d’une toccata pour mains croisées. Pour moi, cette variation est un passage léger mais difficile à exécuter dans la répétition rapide des notes d’une main à l’autre. »
Irina Lankova

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Un souvenir heureux me saute à la mémoire : nous roulons l’été avec mes parents sur la route des vacances. Il fait chaud et je n’ai pas le droit de passer la tête par la fenêtre à l’arrière. J’ouvre tout grand la vitre et glisse le bras au dehors. J’attrape le vent qui gonfle mes doigts : je le sens contre ma peau comme des écharpes d’ouate. Le vent prend corps au toucher avec la vitesse et je ris, échevelée. Je me sens vivante tout simplement !

Le trigramme Xun dans le Yi Jing est à la fois représenté par fong, le vent et mu, l’arbre. L’un et l’autre invoquent un mouvement de l’extérieur vers l’intérieur : ce souffle qui arrive à notre rencontre et nous emplit d’énergie, ces racines invisibles qui ancrent dans le sol la force intime des frondaisons.



Jouer avec le vent est un très sérieux – et léger – défi à la gravité.

« Au nom de l’Abeille – Et du Papillon – Et de la Brise – Amen ! »

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