VISIONS GOLDBERG – VARIATION 19


« Les silences sont de natures différentes. Il y a le silence entre deux bruits, le silence entre deux notes, et le silence qui s’élargit dans l’intervalle entre deux pensées. Il y a ce silence particulier, tranquille, pénétrant, qui vient certains soirs dans la campagne ; il y a le silence à travers lequel on entend l’aboiement d’un chien au loin, ou le sifflet d’un train alors qu’il gravit une pente raide, le silence dans une maison où tout le monde est allé dormir, et sa curieuse amplification lorsqu’on se réveille au milieu de la nuit et qu’on écoute un hibou qui hulule dans la vallée ; et il y a le silence avant que ne réponde sa compagne. Il y a le silence d’une vieille maison désertée, et le silence d’une montagne ; le silence entre deux êtres humains, lorsqu’ils ont vu la même chose, senti de la même façon et agi. […] »

La révolution du silenceKrishnamurti 
 

« Cette variation m’évoque un menuet gracieux sur un modèle rythmique constant : croches et noires. »
Irina Lankova

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Un ami compositeur a écrit il y a peu aimer « le silence des mots ». J’aime le silence des images. Et le « menuet gracieux » des nuages. On voit, on écoute et on oublie ce que l’on sait, ce que l’on a appris. Tout est possible : la joie et le rire dans la liberté des métamorphoses et la grâce des vérités fugitives. L’imagination et la mémoire se diluent dans l’instant. Ni temps perdu, ni temps retrouvé, mais tout à coup la possibilité de sentir chaque seconde comme la première. Et quand cela arrive, quelle légèreté !

> Variation 20